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Interview

Faïza Guène
« Je milite pour la complexité »

Astrid Krivian - Publié en mars 2021
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ULF ANDERSEN/AURIMAGES VIA AFP

C’est la romancière de l’identité, une enfant de la banlieue et de l’immigration. Dans son nouveau livre, La Discrétion, elle fait le portrait d’une famille française d’origine algérienne, avec les blessures de chaque génération. Comme le portrait d’une révolte héritée de l’histoire.

Née à Bobigny en 1985, l’écrivaine est révélée à 19 ans avec son premier roman, Kiffe kiffe demain, qui sera traduit en 26 langues et vendu à plus de 400 000 exemplaires. Son sixième roman, La Discrétion (Plon), rend hommage à la première génération d’immigrés nord-africains, ces chibanis qui ont élevé avec dignité leurs enfants malgré le poids de l’histoire, des humiliations tues, des discriminations raciales et sociales. Derrière sa pudeur, son héroïne Yamina est une résistante, depuis son enfance en Algérie coloniale et la guerre, jusqu’à son exil pour rejoindre son mari en Seine-Saint-Denis. Aujourd’hui, ses enfants, héritiers d’une colère sourde, de non-dits, d’une mémoire fragmentée, tentent de se construire dans une France qui ne les traite pas à égalité. Avec humour et tendresse, ce récit ciselé ausculte leur révolte, leurs conflits intérieurs, leur quête de légitimité, d’indépendance, leur dette envers leurs parents (et leurs sacrifices), leur désir de conjuguer leurs origines algériennes et leur francité. La plume de cette conteuse de l’ordinaire révèle avec force et justesse le sens profond derrière ces petits riens du quotidien, la charge historique sous les apparences.

AM : De quoi la discrétion de Yamina, l’héroïne de votre nouveau roman, est-elle emblématique ?

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