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Augustin Matata Ponyo Mapon

Par Sabine.CESSOU - Publié en avril 2016
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PREMIER MINISTRE

« Que le rêve ne soit pas un serpent de mer »

À la tête de la primature depuis avril 2012, ancien ministre des Finances, cet économiste de 51 ans, membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), au pouvoir, a redressé la gestion économique du pays et engagé un important travail de réformes.

AM : Quelle est votre appréciation du bilan de Joseph Kabila ?
Augustin Matata Ponyo : Positive, car beaucoup d’indicateurs sont passés du rouge au vert depuis 2001. La croissance, négative dans les années 1990, a repris à partir de 2002, jusqu’à approcher les 10 % en 2014. N’eut été la crise économique mondiale, elle aurait atteint 10,3 % en 2015, au lieu de 7,7 % de taux provisoire sur les neuf premiers mois. La pauvreté a reculé, même si elle reste élevée. La monnaie est redevenue stable et l’inflation, qui avoisinait les 10 000 % en 1994, a connu un niveau record de 0,8 % en 2015. La RDC a gagné 11 places dans l’indice de développement humain (IDH) en 2015, un progrès exceptionnel, sans précédent dans l’histoire du PNUD.

Faut-il redouter une crise politique en 2016 ?
Nous ne le souhaitons pas ! Le dialogue politique amorcé par le président est une initiative heureuse qui doit permettre à toutes les tendances de discuter du processus électoral, de se mettre d’accord sur les exigences de transparence du scrutin et d’éviter les tensions de nature à remettre en cause l’élan historique de notre économie.

Votre travail risque-t-il d’être compromis par l’incertitude politique ?
Cette incertitude doit être résolue par le dialogue, qui vise à rassembler tous les opérateurs politiques autour d’un agenda électoral consensuel. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a annoncé qu’il serait impossible de réaliser l’élection en 2016 si l’on doit intégrer dans le fichier électoral les 8 millions de personnes devenues majeures depuis le dernier scrutin en 2011. La Ceni estime qu’il lui faut entre douze et seize mois pour faire un travail professionnel. Elle ne serait donc pas en mesure d’organiser la présidentielle dans un délai constitutionnel.

Quel est votre message à la classe politique congolaise ?
Celui que j’ai transmis à Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, lors de son passage à Kinshasa : rappeler aux uns et aux autres qu’il faut tout faire pour que la paix et la sécurité soient préservées, afin que notre élan et nos acquis soient protégés. Sinon, nous ferions trois pas en avant pour en faire quatre en arrière – un jeu à solde négatif. Nous avons tous intérêt à sauvegarder les avancées faites par le président Kabila.

Quelle est votre vision pour l’avenir ?
Sans rêve, pas de projet ! N’oublions pas que la plus grande puissance du monde, les États-Unis, porte son « rêve américain ». Faire de la RDC une économie émergente à l’horizon 2030 et un pays développé pour 2050, telle est ma vision. C’est possible : ces dernières années, nous avons créé une compagnie aérienne et une société nationale de transports en commun, avec 500 autobus neufs… Le rêve n’est utopique que lorsque vous n’avez rien fait pour le réaliser. Il faut travailler sans relâche et faire des sacrifices, pour que le rêve congolais ne soit pas un serpent de mer !