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Livre

Fiston Mwanza Mujila
À corps perdu

Par CATHERINE FAYE - Publié en septembre 2020
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Encore une fois, l’auteur de l’inénarrable TRAM 83, premier roman couronné de prix prestigieux, nous emmène dans un univers bouillonnant, où chacun danse sa survie.

« DES GAMINS, des gamins/ils dansent et dansent/la merveilleuse danse du vilain. » Dans le poème qui clôt son récit, toute l’absurdité du monde nous saisit au garrot. Comme nul autre, Fiston Mwanza Mujila dépeint le déraillement des êtres sous la dictature par petites touches. Tel un peintre. 

FISTON MWANZA MUJILA, La Danse du Vilain, Métailié, 272 pages, 17 €.

Mêlant la violence à la poésie, la déglingue à la joie. Les 54 chapitres, bercés par le jazz sud-africain et la rumba zaïroise, sont peuplés de personnages inattendus, le plus souvent retors : le mystérieux Monsieur Guillaume et sa police secrète, 

le jeune archevêque Molakisi, le patron du Mambo. Nous sommes à l’heure du régime de Mobutu, de la guerre civile, de l’immigration des Zaïrois en Angola, de l’occupation des places publiques par les enfants. Des enfants comme Sanza ou le petit sorcier Ngungi, qui rejoignent le Parvis de la Poste, où vivent d’autres gamins du dehors. Lubumbashi est en plein chaos. Tout est bon pour s’en sortir. Surtout pour s’encanailler. « Ce qui est rocambolesque avec le monde c’est que dans la même heure, minute, seconde, plus de 500 milliards de gestes sont posés en même temps : les gens s’envoient en l’air, coupent des bières, allument la radio, fomentent des coups d’État, lisent Bofane, Mabanckou ou Musil », écrit l’auteur de ce maelstrom poétique et singulier. Une fresque quasi cinématographique, que l’on voit se dérouler au fil d’une lecture endiablée, portée par une langue inimitable.