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Hôtellerie : l’exemple Noom !

Par - Publié en mai 2018
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Tourisme d’affaires. Dix-huit mois après son ouverture, deux autres établissements dédiés sont déjà annoncés. Reste à attirer la clientèle. 
 
L’homme d’affaires malien Sidi Mohamed Kagnassy, par ailleurs conseiller spécial du président Alpha Condé, ne tarit pas d’éloges. « Dire qu’il y a quelques années, ce petit coin de paradis était une décharge publique à ciel ouvert. » Le petit coin de paradis en question est le Noom, hôtel « cinq étoiles » propriété du groupe Mangalis situé sur la corniche Madina à Conakry. Si l’endroit est magique, Kagnassy laisse entendre que l’idée de la construction de ce palace est a été insufflée par le chef de l’État. Le directeur général du Noom, Jean-François Rémy, le reconnaît volontiers : « C’est en effet le président Alpha Condé qui a décidé d’apporter un souffle nouveau dans l’accueil des hommes d’affaires. Avec des infrastructures hôtelières vieillissantes, la Guinée était incapable d’être l’hôte de grands événements internationaux. On ne peut prétendre attirer des investisseurs quand on n’a pas les moyens de les accueillir dans des conditions conformes aux standards internationaux. » 
Le joyau architectural aura coûté 32 millions de dollars, pour 187 chambres, dont 85 avec vue sur l’océan. L’investissement a été aussi élevé pour trois raisons. La première est liée à la nécessité de tout importer, la Guinée n’ayant aucun moyen de production que ce soit en termes de matériaux de construction ou de mobilier de luxe. La deuxième tient à l’environnement immédiat de l’hôtel, avec l’absence de système de distribution d’eau potable, d’égouts, et les dysfonctionnements récurrents du réseau de distribution électrique, avec des délestages quotidiens. Le Noom est autonome sur les trois volets. Un forage permet un accès permanent à la nappe phréatique. L’eau est traitée localement par une station située dans les sous-sols de l’enceinte. Les eaux usées ne sont pas jetées dans la mer, « c’est contraire à l’éthique environnementale que s’impose notre groupe, précise Jean-François Rémy, cette eau est traitée par une station d’assainissement, puis intégrée dans le réseau d’arrosage de nos jardins. » 
Dix-huit mois après son inauguration, le 20 septembre 2016, par le président Alpha Condé, le Noom est rapidement devenu une référence à Conakry. Son restaurant, L’Adresse (proposant une cuisine associant gastronomie internationale et art culinaire africain) est devenu la première table de la capitale, pour la qualité de ses menus et pour la quantité de la clientèle : 80 couverts par jour, en moyenne, et jusqu’à 300 lors d’événements spéciaux, séminaires, colloques, défilés de mode et autres. En matière d’hébergement, le Noom fait également mieux que la concurrence, avec un taux d’occupation de 42 %, pour un taux moyen de 25 % dans les autres hôtels haut de gamme de la capitale. Modeste, Jean-François Rémy explique cette performance par son emplacement, au cœur de Kaloum, quartier central abritant institutions politiques et financières, sociétés minières et enceinte portuaire. Bref, l’endroit idéal pour des hommes d’affaires ayant le souci de la ponctualité dans une ville où le trafic routier est aussi dense que chaotique. 
 
« Vivement Simandou ! » 
La faiblesse du taux d’occupation des grandes adresses de Conakry tient au déséquilibre entre l’offre et la demande. Aujourd’hui les capacités d’accueil pour cette catégorie de clientèle se chiffrent à 1 000 chambres, pour une demande quotidienne atteignant péniblement 300 nuitées. Avec l’inauguration prochaine d’un hôtel 5 étoiles, « Le Kaloum » et la construction d’un établissement du groupe panafricain Azalaï, l’offre sera étoffée de 500 nouvelles chambres. La demande évoluera- t-elle aussi rapidement ? « Vivement Simandou ! » prient en chœur les responsables des palaces de la capitale, en référence au démarrage de l’exploitation des immenses réserves de fer du fameux gisement et ses promesses de décollage économique.