Aller au contenu principal
Musique

Songhoy blues, c'est rock the Mali

Par Sophie Rosemont - Publié en novembre 2020
Share
Le quatuor réussit à produire une musique à la fois africaine et universelle. KISS DIOUARA/MILLENIUM COMMUNICATION - DR
Le quatuor réussit à produire une musique à la fois africaine et universelle. KISS DIOUARA/MILLENIUM COMMUNICATION - DR

​​​​​​​Depuis une décennie, le groupe SONGHOY BLUES milite pour un monde délivré des idéologies. En témoigne son nouvel album fougueux, appelé Optimisme.

INTENSE SUR SCÈNE, Songhoy Blues réussit, entre les quatre murs d’un studio, à conjurer le sort avec un rock’n’roll à la fois africain et universel. Expulsé de son Nord natal par les djihadistes, le guitariste Garba Touré a formé ce groupe au début des années 2010 à Bamako, avec Aliou Touré, Nathanael Dembélé et Oumar Touré. Pourquoi le rock’n’roll ? « Pour bien faire passer nos messages », explique-t-il…

Après Music in Exile et Résistance, qui les ont fait jouer jusqu’au Royal Albert Hall, à Londres, ils reviennent avec un troisième album produit par Matt Sweeney, lequel a travaillé avec Johnny Cash et Cat Power. « Il nous a laissés jouer à notre façon, tout en apportant une dynamique dans le groove », commente le bassiste Oumar Touré. Avec une ouverture aussi percutante que « Badala », l’album ne cache pas son besoin d’engagement.

« Il faut dégager l’énergie pour exprimer ton point de vue, surtout lorsque l’on vient d’un pays où la politique se fait par la loi du plus fort, explique Garba Touré. Il faut être hyper têtu pour pouvoir être écouté. » « Dénoncer la situation malienne est la base de la création du groupe, poursuit Oumar. C’est pour ça que notre musique et même les noms de nos disques évoluent avec la conjoncture sociopolitique. »

Ainsi, le petit dernier s’appelle Optimisme. Ici, on se laisse secouer par 11 chansons et une rage de vivre parfois électrique. « Nous voulons partager avec le monde entier une énergie positive en cette période de crise au Mali et de pandémie mondiale, commente Oumar. Nous voulons inviter les gens à croire à la paix, à la santé et à ne pas perdre le désir de vivre leurs passions. » Mission accomplie avec des morceaux tels que « Pour toi », «Gabi », «Dournia », «Worry », ou encore la formidable conclusion électro-folk « Kouma ».

Optimisme montre la lumière au bout d’un tunnel sans fin de mauvaises nouvelles et de « système corrompu et antidémocratique », comme le déplore Garba : « Il y a des rébellions, du terrorisme, une mauvaise gestion gouvernementale… Alors, soyons optimistes, car rien n’est éternel, et un jour, nous vivrons une vie meilleure. »