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Samy Manga. LAURA TIRELLI
LAURA TIRELLI
Entretien

Samy Manga
En finir avec la fève ?

Par Astrid Krivian - Publié en novembre 2023
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L’écrivain, «éco-poète» et militant écologiste camerounais publie un manifeste très politique sur la culture cacaoyère en Afrique. Nourri de son vécu, il alerte sur les coûts humains et économiques causés par la monoculture de cet or vert.

Il fut un «enfant écorce», nom d'un rituel pratiqué chez le peuple Beti, au Cameroun, envers les enfants orphelins de mère. Confié ainsi sous la protection de la nature, la bienveillance des arbres de sa forêt équatoriale native, ce lien spirituel, sacré, à la Terre-Mère a forgé son rapport au monde, au vivant. Né dans le village d'Étoutoua, Samy Manga épaule son grand-père dès ses 10 ans dans les plantations de cacao. Témoin de la vie de labeur et d'exploitation de son aïeul, il prend conscience des profondes inégalités qui régissent le commerce de cet or vert. Alors que les multinationales du chocolat font des milliards de profits, les cultivateurs africains de cette fève vivent dans la pauvreté. Cette monoculture cause également des dégâts sanitaires et environnementaux (déforestation, pollution des sols...). Inspiré de son expérience, l'écrivain signe aujourd'hui Chocolaté: Le Goût amer de la culture du cacao, un livre manifeste, poétique et politique, documenté. À travers le parcours du jeune Abéna au cour des plantations, il dépeint la violence du marché de la «cacaomania» sur le continent. 

Désormais installé en Suisse, Samy Manga est le promoteur du concept d’éco-poésie : une création littéraire en faveur de la nature. Fondateur de l’Association des éco-poètes du Cameroun, directeur artistique de l’espace culturel ArtViv Pro- jet à Lausanne, il a reçu le Grand Prix Poésie africaine d’ex- pression française en 2021 pour l’ouvrage Opinion poétique, coécrit avec Caroline Despont. Sculpteur, il est également eth-nomusicien, et se dédie à la préservation et à l’enseignement des instruments traditionnels de son pays natal.

AM : Dans votre dernier livre, quel constat dressez-vous sur les ravages de la monoculture du cacao sur le continent?

Samy Manga: L’Afrique produit environ 80% du cacao mondial, dont l’écrasante majorité n’est pas transformée sur place. La valeur ajoutée de ce produit est déplacée en Europe. Selon le Conseil international du cacao, l’industrie chocola- tière mondiale a généré 100 milliards de dollars de profits en 2021. Or, les pays producteurs n’en perçoivent que 6 %, et les cultivateurs 2%. Ce terrorisme alimentaire et économique pose un véritable problème d’équitabilité. C’est révoltant. Il y a également le fléau du travail des enfants. D’après une étude menée par le Centre national de recherche d’opinion publique de l’université de Chicago (NORC), publiée en 2020, 1,5 million d’enfants travaillent dans les deux principaux pays producteurs de cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Et non seulement l’économie de ce produit nous échappe, mais nous en payons les dégâts environnementaux. Les forêts ont été détruites, notamment par cette monoculture. Le Cameroun et le Ghana souffrent d’une forte déforestation, ainsi que de l’empoisonnement des sols, la destruction de la faune et de la flore... C’est tout un environnement où l’Afrique est perdante, quand l’Occident est le premier consommateur de chocolat et engrange des milliards de dollars de profit.

Votre ouvrage soulève les dégâts sanitaires, parfois mortels auprès des planteurs, causés par les pesticides...

Ces produits sont massivement utilisés dans les planta- tions, maraîchères ou cacaoyères, ingérés ensuite à travers les légumes ou d’autres aliments consommés par des villageois. Ces derniers ne sont pas assez outillés pour se protéger de cette intoxication. Dans notre village, nombre de cas de décès auraient dû être attribués à l’ingestion de ces pesticides. Mais les autorités du village ont éludé cette question, car elle aurait ébranlé tout le système économique, la vente des fèves. Nous n’avions pas les moyens de faire pratiquer une autopsie, mais je suis persuadé que la mort de mon grand-père est due à cet empoisonnement durant toutes ces années de monoculture, où il a respiré ces gaz, ces produits toxiques.

Que dirait votre grand-père au sujet de vos réalisations aujourd’hui?

Il serait très, très inquiet que je vive aussi loin du village! « Que vas-tu chercher là-bas ? » me dirait-il [rires] ! Mais il ressentirait également une fierté, car le travail que je défends et la parole que je diffuse émanent de lui et valorisent sa dignité, notre dignité. Déjà, à l’époque, il était harassé par cette culture. Une plantation de cacao s’entretient tout au long de l’année, elle requiert que l’on s’y consacre entièrement. Elle a donc entraîné l’abandon d’autres cultures alimentaires, comme le riz. Enfant, au village, j’ai connu les rizières, puis, on a commencé à importer le riz, à l’acheter en ville. Vous voyez le piège de cette dépendance. C’est un drame. C’est important de porter cette cause, de parler de ces fléaux dans un livre, de diffuser ce message au sein des médias. Ce sujet doit être débattu sur la place publique, car il impacte la vie humaine, l’économie et l’environnement. Des lecteurs me témoignent avoir diminué leur consommation de chocolat, voire arrêté, quand d’autres se tournent vers une filière de commerce équi- table. Pour moi, c’est le plus grand succès: qu’ils adoptent un comportement plus propre, en faveur de la vie.

Qui sont ces «messieurs à mallettes de billets» qui débarquent dans les villages de planteurs? Est-ce eux qui fixent le prix de la fève?

Il y a toujours un prix officiel, car les États sont fortement impliqués dans cette manne économique. Ces hommes, je les appelle «les Tontons flingueurs», avec leurs mallettes, leur grosse voiture: ce sont les acheteurs, les représentants des mul- tinationales, et aussi des agents de l’État, des intermédiaires dont le rôle n’est pas toujours clair. Je les trouvais odieux; avoir l’argent de leur côté leur monte à la tête, au point de mépriser les villageois. Ils imposent leur façon de voir, leurs règles du jeu, dans des bourgades reculées, où les cultivateurs n’ont pas forcément les moyens ni les véhicules pour transporter leur cacao en ville. Donc ils sont obligés de subir cette dictature.

cacao entreposé et séché dans la réserve de Tropical Forest and Rural Development, à Yaoundé, au Cameroun. QUENTIN HULO/ARGOS DIFFUSION/SAIF IMAGES
cacao entreposé et séché dans la réserve de Tropical Forest and Rural Development, à Yaoundé, au Cameroun. QUENTIN HULO/ARGOS DIFFUSION/SAIF IMAGES

Les mesures étatiques pèsent-elles peu face aux mastodontes de l’industrie?

Les chiffres le prouvent. Si une politique équitable, respectueuse de la vie humaine, du travail des cultivateurs et de l’environnement était en place dans ce système, on ne parlerait pas de 6% seulement de gains pour les pays producteurs. Les États n’ont pas assez d’impact dans les décisions du business du cacao. Et puis, il faut pouvoir le dire, beaucoup de corruption mine les rapports entre les multinationales et certains agents des États africains. Les grosses entreprises détiennent l’économie du cacao mondial, ce sont elles qui ont le pouvoir. Que peuvent faire les pays pour changer la donne? C’est pourtant le challenge à relever, pour parvenir à une situation acceptable.

Le Ghana et la Côte d’Ivoire ont imposé aux multinationales le différentiel de revenu décent, intitulé qui montre bien la profonde injustice des règles de ce marché. Cette prime est destinée à améliorer la rémunération des planteurs... 

Vu les revenus indécents des grands groupes internationaux, il est évident que cette prime ne coïncide pas, elle n’est pas suffisante.

Dans votre ouvrage, vous racontez un épisode inspiré de votre vécu: la façon dont vous, le jeune planteur de cet or vert, avez découvert une plaquette de chocolat. C’est toute l’absurdité de ce système: les Africains cultivent la fève, mais ne goûtent pas aux saveurs du chocolat...

On voit très bien le système colonial ici: des gens sont consacrés à produire une matière première qu’ils ne consomment pas, et dont ils ne reçoivent jamais les bénéfices. La découverte de cette friandise fut pour moi un électrochoc, et c’est ce qui m’a poussé à vouloir comprendre les mécanismes de la filière. Nous traînions en ville avec des copains, il pleuvait, et une voiture est passée près de nous en nous éclaboussant. L’automobile s’est arrêtée, une femme blanche en est sortie, et elle nous a alors tendu, pour s’excuser, un gros paquet de chocolats signés du Suisse Cailler. Nous y avons goûté, c’était délicieux! Cet événement m’a rappelé mon enfance passée au village à cultiver ce cacao, et tout ce que j’avais ignoré jusque-là, l’existence de ses produits dérivés. Aujourd’hui, je vis en Suisse et je suis toujours impressionné par toutes les formes de chocolat (œufs, truffes, plaquettes)... Des produits que les enfants de mon village ne goûteront malheureusement jamais.

Vous habitez aujourd’hui en Suisse, pays emblématique du chocolat. Comment vivez-vous cette ironie du sort?

 Je vis dans la gueule du loup [rires]! En 2021, un projet culturel m’a amené à m’installer en Suisse. J’ai terminé le manuscrit commencé en 2018 , et je l’ai envoyé aux éditeurs. Dire cette parole en Europe incite les gens à se poser des questions, à prendre conscience du colonialisme vert. Chocolaté est une parole du village en faveur des cultivateurs, mais il s’adresse aussi aux Occidentaux. C’est ici que la consommation de ce produit est établie. Rappelons qu’elle est seulement de 4% en Afrique. C’est dérisoire, là où un Suisse ou un Français mange 7 à 10 kg de chocolat par an!

Que doit faire le consommateur ici? Boycotter ce produit, ou en acheter seulement auprès de maisons pratiquant le commerce équitable?

Mon livre ne dit pas qu’il faut arrêter de manger du chocolat. Il ne faut pas le bannir, c’est une richesse alimentaire que l’on a reçue de nos ancêtres. Mais notre niveau de consomma- tion met en danger les humains et la planète. À partir de ce constat, on ne peut plus en acheter en se disant qu’on n’a pas le choix, ou qu’on ne peut rien y faire. Ce serait irresponsable. Il faut avoir conscience que notre système de consommation a un impact sur la vie humaine, l’environnement, le climat. Derrière la tablette que l’on achète, il y a le travail des gens, leur sueur, toute une vie. Nous devons avoir un rapport spirituel avec les aliments que l’on consomme. Le droit à l’équitabilité, c’est la base. Les gens doivent être rémunérés à la hauteur de leurs efforts, afin que chacun dans la chaîne de production puisse gagner décemment sa vie.

Vous prônez donc une consommation responsable?

Oui. Je me réfère aux origines de ce produit. Cultivé par les Mayas et les Aztèques dans l’antique Mésoamérique, le cacao avait pour ces peuples une dimension spirituelle, sacrée. Il était considéré comme une plante envoyée par les dieux. Ce n’était pas un aliment hautement démocratisé que l’on man- geait à tout-va. On le savourait pour des besoins nutritifs, gustatifs, mais aussi spirituels, lors de rites, dans une connexion à la terre, pour soigner certaines maladies ou récompenser des personnes. Modérer notre consommation va modérer le travail des cultivateurs, et réguler l’impact climatique de la production et de la transformation de cette fève. Consommons raisonnablement et de manière éthique, auprès de maisons qui produisent un chocolat traçable. Plutôt que de donner notre argent aux mêmes personnes qui font des montagnes de profits.

Qu’est-ce que le colonialisme vert, ou «l’humaine tragédie du supermarché colonial»? 

Je me suis appuyé sur des recherches pour mettre en évi- dence ce système. C’est l’idée que l’Afrique est un continent riche, mais dont les affaires sont gérées par des personnes extérieures, notamment en ce qui concerne les ressources naturelles, les forêts, les cultures. Des multinationales se sont approprié des terres, des zones productives au détriment des Africains.

Bâtir sur le continent des usines de transformation des fèves en chocolat, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, serait une solution?

Cela fait partie des solutions, car, déjà, sur le plan climatique, la production de fèves génère trop de transport. La Côte d’Ivoire possède une usine de fabrication du chocolat, et c’est un bon début, mais cela ne représente rien au sein du marché global. Le pays produit 40% du cacao mondial, mais subit des dégradations terribles de son environnement. C’est le cynisme du colonialisme vert: on a imposé aux Africains la seule culture des fèves, et le reste a été occulté. Les gens ne sont donc pas formés pour les transformer en poudre, par exemple. C’est réservé à l’oligarchie occidentale. On manque de toute une chaîne de connaissances, de nos propres usines, de méthodes de transformation. Nous n’avons pas la culture de consommation du chocolat; cela ne fait pas partie de notre imaginaire, excepté pour quelques familles privilégiées cita- dines. Le continent ne doit pas seulement être la vache qui produit le lait, mais il doit aussi être capable de le transformer, le mettre en bouteille, le distribuer au supermarché, et en fixer le prix. Cela régularisera la question économique, ainsi que le surplus de transport des matières premières, qui pollue beaucoup.

Les dégâts de cette monoculture, ce sont l’appauvrissement des sols et la destruction de la forêt?

Effectivement, et il faut toujours agrandir les plantations. Car le revenu minimum n’étant pas suffisant, les cultivateurs agrandissent les champs, au détriment de terres cultivables pour d’autres aliments. Cela détruit la faune et la flore, les arbres, la biodiversité... Ces pertes massives ne sont pas infligées à l’Occident, pourtant les plus grands responsables de la pollution. Les pays du Sud reçoivent tout dans la figure.

Vous citez le philosophe américain Will Durant: «Une grande civilisation ne se conquiert de l’extérieur que si elle s’est détruite de l’intérieur.»

On ne peut pas parler de colonialisme vert en montrant du doigt les autres seulement. On a deux ennemis à combattre: l’oligarchie occidentale, dans son système de prédation, et l’oligarchie africaine, ces collaborateurs à l’intérieur de nos États. Des lois internationales existent sur la gestion des forêts, sur le travail, mais elles sont contournées par ces grands groupes, avec la complicité de leurs alliés sur place. Nous devons nous débarrasser de ce système pour jouir d’une autonomie pleine et africaine. Cette révolution spirituelle, c’est la mission de notre génération. 

Les quelques actions en faveur des planteurs, de l’environnement, mises en place par les industries chocolatières sont-elles de la poudre aux yeux, d’après vous? De l’écoblanchiment?

Totalement! Elles connaissent les reproches qui leur sont adressés. Pour redorer leur image et montrer qu’elles font des efforts, elles lancent des initia- tives, tel la plantation de 50000 arbres, mais raser une forêt séculaire, sa biodi- versité, pour cultiver du cacao, et planter ensuite des dizaines de milliers d’arbres, qui ne vont pas transformer le gaz car- bonique en oxygène... ce n’est pas une œuvre de bonne charité! Il suffit de pré- server la forêt vierge, de la laisser faire son travail de transformation et de régulation.

Chocolaté: Le Goût amer de la culture du cacao, Écosociété, 136 pages, 14 €. DR
Chocolaté: Le Goût amer de la culture du cacao, Écosociété, 136 pages, 14 €. DR

Vous avez des mots parfois durs envers les travailleurs de ces plantations. À vos yeux, pris dans une aliénation radicale, ils acceptent leurs conditions d’exploités avec autoflagellation...

Je fais une autopsie, ce n’est pas moi la maladie! S’il faut combattre ces deux oligarchies, il faut également secouer les cultivateurs. Pour qu’ils prennent conscience qu’ils ont aussi une part de responsabilité dans le drame qui se joue. Ils disposent d’un certain pouvoir. Il ne faut pas céder à la résignation: la politique de la chaise vide profite toujours à l’oppresseur. D’où ma citation de Thomas Sankara en exergue du livre : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort.» Les cultivateurs doivent s’organiser en vraies coopératives, par exemple. Pour que le système d’achat bouge, ils peuvent décident d’arrêter de produire le cacao, se réunir au sein d’un mouvement, ou imposer un prix, afin de peser dans la balance, d’exercer une pression au sein du marché. Le changement doit venir de l’intérieur, par la volonté de ceux qui se tuent à la tâche.

À l’instar d’Abéna, votre personnage, avez-vous un rapport passionné aux livres ?

Oui. Comme lui, un instituteur m’avait asséné ce stéréo- type raciste, esclavagiste : « Pour cacher quelque chose à un Noir, il faut l’écrire.» Cette phrase m’avait révolté, et cette colère m’avait rapproché des livres, en aiguisant mon amour pour eux. Je me suis mis en quête de trouver la vérité cachée en eux. Ce sont des bibles de connaissances. Avant de lire un livre, je commence à le humer: à par- tir de son odeur, une connexion s’ins- talle, des informations me pénètrent. Un livre, c’est une parole, un souffle de vie. À une époque, j’aimais lire dans les cimetières. Car lire, c’est par- fois exhumer quelque chose, entrer en connexion avec une dimension métaphysique. Et puis, c’est un lieu de quiétude et de densité spirituelle. J’ai fréquenté les cimetières depuis l’enfance, car j’ai eu la chance de perdre ma mère quand j’avais 4 ans.

La « chance » de perdre votre mère? C’est-à-dire?

Ce n’était pas une chance quand c’est arrivé. Mais avec les années, ça l’est devenu. C’est une manière de rendre hommage à cette femme disparue trop tôt. C’est comme si je l’avais perdue pour gagner toutes les autres femmes du monde. La féminité est centrale dans ma recherche, dans mon travail de création artistique. Cette perte m’a ouvert les bras des autres femmes, il y a tou- jours quelque chose de ma mère présent dans mes rapports avec elles.

Vous étiez un « enfant écorce ». Racontez-nous...

C’est un rituel du peuple Beti de la forêt équatoriale d’Afrique centrale, pratiqué pour un enfant qui a perdu sa mère précocement. Nos ancêtres ont élaboré une forme de médication pour réconforter l’enfant éprouvé, afin de le charger en énergie, de lui apporter la force de la terre, de la forêt, pour qu’il traverse cette épreuve sans trop en souf- frir. Pendant plusieurs jours, au rythme des incantations, le rituel consiste à confier l’enfant à la protection des arbres, de la nature, de la terre, des ancêtres, pour passer le cap et devenir adulte. Cette enfance est la raison de mon engage- ment. Je suis un scribe anonyme, on m’a confié des choses pour que je les transmette aux autres, afin de préserver cet univers, le partager, sensibiliser. Mon rapport à la nature me conditionne.