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Le métissage, pour rassembler Babel

Par zlimam, sqdsqdsq - Publié en octobre 2020
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En Afrique, du nord au sud, on aime se référer, se raccrocher à ses origines, à ses frontières, à son village, à sa région. L’ethnie donne lieu à d’interminables discussions sur sa définition, son pourtour, son concept. Le clanisme, le régionalisme restent des valeurs fortes, fondatrices, face peut-être à la vastitude africaine. Dans ce continent de 30 millions de km2 (où l’on pourrait insérer l’Europe, les États-Unis et la Chine), on parle près de 1 500 langues et dialectes. Les frontières modernes (55 États) traversent souvent des réalités historiques anciennes, séparant d’un trait administratif les peuples et les communautés. La spiritualité est forte. Islam, chrétienté, évangélisme, animismes s’entrechoquent et tentent de coexister avec d’immenses difficultés dans des espaces communs. L’Afrique est une gigantesque tour de Babel de près de 1,3 milliard d’habitants… Dans ce tumulte, les ponts sont nécessaires. Il faut aller au-delà des identités originelles, créer de nouveaux espaces communs. L’idée est de se tendre la main au-delà des fractures locales, de faire coïncider les nord, les sud, les est et les ouest dans un même couple, dans une même famille, dans une même entreprise, dans les mêmes cercles d’action. De promouvoir les partis politiques qui transcendent les frontières ethniques ou régionales. De tous ressembler petit à petit au Cap-Vert, avec ses 70 % de population métisse. Au XXIe siècle, le métissage est une idée neuve et urgente. Le métissage n’est pas biologique, tous les êtres humains sont le produit d’un pool génétique de même nature. Le métissage n’est pas d’aller se marier en Europe ou à l’autre bout de son pays (quoique ce soit un bon début)… Le métissage est acte culturel, sociétal et politique de rencontres, d’échanges, d’hybridations et de recompositions. « Une nouvelle conscience identitaire où l’appartenance humaine prendrait le pas sur la somme des appartenances », pour reprendre une citation célèbre (Edwy Plenel, journaliste français). L’Afrique moderne sera métisse !

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Il y'a quelques temps, dans le monde d’avant, un ami subsaharien nous avait résumé de manière frappante la perspective historique : « Nous aurions pu être comme les Indiens d’Amérique, balayés par la puissance de l’Occident, réduits à des réserves sur notre propre territoire. Mais nous avons survécu, et nous sommes bien vivants. » Oui, l’Afrique a survécu, elle s’est émancipée, elle passe les tempêtes, résiliente. On lui prédit régulièrement le chaos, la crise, l’effondrement. Depuis les années 1960, l’afropessimisme est une valeur sûre…

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Une parenthèse tragique et non un point de départ : c’est ainsi qu’il faut percevoir les traumatismes de la traite puis du colonialisme. Nonobstant la colonie du Cap (1652) et une poignée de comptoirs, l’Afrique ne fut colonisée que moins d’un siècle, du partage de Berlin (1885) aux indépendances. Un siècle de spoliations qui ne saurait oblitérer des millénaires de complexité, malgré les discours ineptes sur l’homme africain « sans Histoire » (pour ne citer que Hegel…). Chacun connaît Lucy, hominidé de 3,4 millions d’années mis au jour en 1974 en Éthiopie, ou son aîné Toumaï, de 7 millions d’années, découvert au Tchad.

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L’AFRIQUE est riche en ressources, et en énergie… et en talents. Son sous-sol est un trésor et son sol aussi. Elle dispose encore de 50 % des réserves mondiales de terres non cultivées ! L’Afrique est riche, mais ses citoyens sont pauvres. Elle est riche, mais encore dépendante d’un système hérité largement du modèle colonial et de son intégration dans l’économiemonde. Elle exporte ce qu’elle ne consomme pas. Et elle importe ce qu’elle consomme – pour schématiser.

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