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Tshitenge Lubabu

Par Sabine.CESSOU - Publié en avril 2016
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JOURNALISTE

« Une énième guerre est possible, mais l’issue incertaine »

Ancien collaborateur de RFI, de L’Aut re Af r ique et de Jeune Afrique, il est rédacteur en chef du journal économique Business et Finances depuis 2014 à Kinshasa.

L’AVENIR RESTE TRÈS FLOU. Certaines initiatives montrent bien que l’option choisie par Joseph Kabila est celle que tout le monde redoute : s’accrocher. Une opération dénommée Umela – un terme lingala qui veut dire « dure, perdure » – a été organisée, pour réunir les responsables des églises évangéliques dans un stade de 60 000 places à Kinshasa. L’idée était de donner 5 dollars de récompense à chaque personne qui viendrait prier. Or il a plu. Toute l’opération s’est soldée par un flop, interprété comme un signe divin en défaveur de Kabila !

Les faucons du régime veulent que les choses restent en l’état. Toute idée de départ de Joseph Kabila représente une hérésie pour le secrétaire général de la mouvance présidentielle. Ceux qui osent prendre position et contester la légalité d’un troisième mandat au sein du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) sont considérés comme des comploteurs. Les risques d’instabilité dans le Kivu sont redoutés. D’anciens rebelles du M23 qui se sont repliés en Ouganda et au Rwanda ainsi que d’autres bandes pourraient reprendre les armes, en se présentant comme les défenseurs de la démocratie. Yoweri Museveni aurait une dent contre Kabila, qui l’aurait « offensé » en n’allant pas à Kampala pour l’une des négociations avec le M23 qu’il avait convoquée. Kabila est-il prêt lui-même à faire la guerre ? Il pourrait laisser venir un conflit pour justifier le report de la présidentielle. Mais qui peut encore le soutenir dans la région ? Ce ne sera ni le Burundi, ni le Rwanda et encore moins l’Ouganda. D’aucuns pensent au Congo-Brazzaville. Or la fréquentation de Denis Sassou-Nguesso, qui a modifié la Constitution chez lui, est mal perçue à Kinshasa, bien que le Congo reste un petit pays où l’armée est en proie à des clivages ethniques. La donne est tout autre en RDC. La crise constitutionnelle qui se profile pourrait conduire à une énième guerre à l’issue incertaine. Que fera Kabila ? Pour l’instant, on spécule sur sa stratégie : laissera-t-il croire que les Occidentaux sont en train de lui dicter une conduite qu’il ne peut accepter ? Il s’entoure de mystère. Certains de ses plus proches collaborateurs disent qu’ils ne savent pas ce qu’il pense ni ce qu’il prépare, car il ne dit rien à personne !